Cyberœuvre & musée

Méthodologie

Une revue de littérature s’est avérée évidemment indispensable afin d’encadrer le projet de recherche, tant pour les contextes de la cyberœuvre et que pour ceux du processus qu’est la muséalisation. La cyberœuvre est un objet très complexe, signifiant parfois différentes choses pour différents individus. Il a donc été primordial de bien définir les contextes des deux grands axes de ce projet de recherche. La mise en relation de ces ceux-ci forment le cœur de la problématique tel que précédemment explicité.

Par ailleurs, la méthodologie se divise en trois étapes différentes, chacune étant pertinente à l’élaboration d’un dénouement de la problématique de recherche. Procéder par étapes méthodologiques distinctes permet de former une technique de validation par triangulation. Cette technique « [...] superpose et combine plusieurs techniques de recueil de données afin de compenser le biais inhérent à chacune » (Mucchielli, 2009, p. 285). Plus précisément, cette recherche utilise la triangulation méthodologique qui permet de combiner différentes formes de résultats et de données. La combinaison de l’étude comparative de modèles issus de la littérature, d’études de cas et d’entretiens permet de valider les résultats obtenus par et entre les trois méthodologies.

Harmonisation des processus de muséalisation par l’étude comparative de modèles issus de la littérature

Dans le cadre de ce projet de recherche, la cyberœuvre est entre autres étudiée par le biais de la littérature. Les auteurs considérés sont des artistes, des commissaires, des muséologues ou des chercheurs des domaines de la muséologie et du patrimoine. L’étude de la cyberœuvre occupe une place importante dans ce projet et celle-ci se fait par un angle conceptuel plutôt qu’iconographique ou historique. En conséquence, la définition et le modèle proposés du processus de la muséalisation résultent d’un assemblage d’entendement conceptuels.

La comparaison des différents processus de muséalisation, issus de la littérature, permet de mieux comprendre comment ceux-ci s’opèrent dans les musées. Il est même possible de les superposer afin de procéder à leur validation, voire à une certaine harmonisation. Par une approche qualitative est réalisée une analyse approfondie d’études faite par différents auteurs et acteurs (musées et organismes) du processus de muséalisation et, plus spécifiquement, de celui de la cyberœuvre. La présentation des résultats de cette analyse méthodique prend forme au sein d’un tableau comparatif entre les différentes approches retenues.

Études de cas

Deux études de cas serviront d’exemple afin de mieux saisir différents contextes de muséalisation potentielle de la cyberœuvre : l’une portant sur les particularités liées à l’acquisition d’une cyberœuvre par la commande ; l’autre axée sur le processus du développement progressif d’une cyberexposition.

Le choix des études de cas a été réalisé en parallèle à ce projet de recherche, par intérêt et par curiosité. La première, une cyberœuvre appartenant à la Tate (Uncomfortable Proximity), est pertinente à l’étude de la sélection et de l’acquisition et démontre des enjeux spécifiques liés à l’intégration d’une cyberœuvre dans les collections d’un musée. Ce cas d’étude est également bien documenté dans la littérature ainsi que facilement accessible, au moment de l’écriture de cet essai, par le biais du site web de l’institution. Le deuxième cas, une cyberexposition (Net Art Anthology), est pertinent à l’étude de la présentation et démontre quant à elle des enjeux reliés à la constitution d’une cyberexposition rétrospective, incluant des œuvres datant d’entre 1985 et 2016. L’actualité de cet exemple rend également ce cas d’étude pertinent.

Entretiens

Des entretiens ont été effectués afin de chercher à savoir comment certaines institutions muséales approchent la question de la muséalisation de l’artBien que les institutions impliquées s'intéressent autant à la muséalisation de la cyberœuvre qu'à la muséalisation de l'art, la réalité est que celles-ci englobent souvent la cyberœuvre dans les grands champs des arts numériques, des arts médiatiques, voire de l'art contemporain.. L’obtention d’entretiens provenant de plusieurs contextes institutionnels permet de dresser un portrait de la muséalisation plus diversifié. Certains musées ne possèdent aucune collection de cyberœuvres. Certaines institutions comme Rhizome, bien qu’elles procèdent à des activités de sélection, de recherche et de présentation (muséalisation), ne s’identifient pas comme un musée, mais plutôt comme une organisation d’art numérique ou un centre d’archives.

Les institutions sélectionnées pour les entretiens : 1) ont comme mission de conserver des cyberœuvres ou ont l’intention d’en acquérir ; 2) ont dans l’idéal un intérêt pour la cyberculture (un intérêt pour les pratiques artistiques contemporaines a été toutefois jugé suffisant) ; 3) s’intéressent minimalement à la muséalisation d’une cyberœuvre dans le but d’en faire à tout le moins l’expérimentation théorique. Le contact avec les participants a été amorcé en août 2018. Des neuf institutions ciblées, deux n’ont pas répondu à la prise de contact initiale, qui consistait en cinq courriels, espacés sur cinq semaines, expliquant brièvement le projet et proposant un court appel téléphonique afin de discuter plus largement du projet. De plus, une autre institution n’a pu trouver des participants pour la réalisation des entretiens et une dernière, à la suite d’échanges initiaux, a cessé ses opérations.

Cinq participants ont donc répondu positivement à la demande d’entretien. Toutefois, l’un d’entre eux fut écarté en raison de la nature de l’organisation, celle-ci n’ayant n’a pas de programmes, de politiques, de procédures et opérant plutôt comme collectif d’artistes. Au final ce sont deux musées et deux centres d’archives qui ont pu participer au projet de recherche.

Les entretiens se sont déroulés entre décembre 2018 et mars 2019Les entretiens ont été réalisés dans le cadre des stages du programme de maitrise en muséologie et pratique des arts. Le stage 1 a servi à préparer les entretiens, soit à faire un tour d'horizon des institutions concernées, menant à la sélection des participants. Le stage 2 a servi à la réalisation des entretiens planifiés, à la compilation des données par la réalisation de transcriptions, puis à la réalisation d'un tableau de synthèse des entretiens. et ont eu lieu par vidéoconférence ou par écrit. À la suite de ceux-ci, des transcriptions ont été produites afin de respecter les normes éthiques de recherche avec des êtres humains, qui nécessitait la destruction des enregistrements originaux réalisés lors des appels vidéoconférence. Les transcriptions ont eu aussi l’effet de mieux analyser les propos exprimés par les participants afin de les mettre en contexte plus facilement au fil du questionnaire. Par la suite, l’analyse consistait à aligner les réponses de chaque participant avec le tableau de l’harmonisation des processus de muséalisation. Finalement, la création d’un tableau d’analyse a aussi permis d’étudier les faits énoncés par les participants en fonction de leur adéquation avec la littérature impliquée par le projet de recherche.

Triangulation, approche linéaire et exhaustivité

En somme, un processus progressif par ces trois différentes méthodologies permet à la fois une validation par triangulation méthodologique, mais aussi une évolution linéaire du projet de recherche, allant du moins au plus complexe. Ce type de progression permet une approche par étape (harmonisation, études de cas, entretiens) et implique de faire preuve d’exhaustivité relativement au sujet

(Frécon, 2012, p. 66).

Limites du projet

Le projet propose une définition de la cyberœuvre en fonction d’un échantillon particulier d’institutions. Ainsi, ce projet de recherche n’a pas pour objectif de proposer une définition et un modèle de muséalisation universel. Il tente davantage d’identifier et d’organiser les savoirs et les connaissances qui autorisent une compréhension plus juste et harmonieuse de ce processus et de cet objet que sont la muséalisation et la cyberœuvre. De même, il permet de mettre en évidence certaines dynamiques de la relation « cyberœuvre et musée ». À noter que la taille réduite de l’échantillon d’étude a été compensée par la qualité des entretiens avec les institutions, notamment en ce qui a trait à l’étape de la recherche.

  1. Introduction
  2. Méthodologie
  3. Cadre Théorique
  4. Harmonisation des processus de la muséalisation
  5. Études de cas
  6. Résultats de la recherche appliquée
  7. Conclusion